De sa longue expérience d’éducateur, Don Bosco a retenu un certain nombre de constatations fondamentales.
Première constatation : l’enfant est toujours prisonnier de son milieu familial et social. S’il suit une mauvaise pente, c’est presque toujours parce qu’il se trouve plongé dans une atmosphère délétère, sans posséder des moyens personnels de défense, ou tout au moins, sans en posséder de suffisants. Ou bien c’est la famille qui fait complètement défaut, ou bien, si elle existe, elle se révèle inapte il accomplir sa tâche naturelle de protection el de formation. De là est née chez Don Bosco la double préoccupation éducative suivante: 1° Assainir le milieu où grandit l’enfant en rendant ce milieu aussi moral et aussi chrétien que possible (au besoin ne pas hésiter à en créer un de toutes pièces) ; 2° En vue de son éducation, apporter à cet enfant à la fois protection et formation comme aurait dû le faire sa famille.
Deuxième constatation : Pour tout enfant comme pour tout homme, la vie est une rude aventure. Qui veut rester dans la ligne du devoir, toujours, doit « bagarrer » dur. On ne bagarre pas sans armes, et de toutes les armes, la meilleure est sans conteste la conscience. Aussi bien, s’agit-il de doter l’enfant d’une conscience éclairée et sûre, qui le guide dans son existence comme un phare. A cela devra tendre l’enseignement religieux à forte dose que Don Bosco fera distribuer dans tous ses instituts. Il veut en même temps lui forger une conscience délicate qui ne sache pas transiger avec le devoir : tâche dévolue au confesseur et à l’assistant salésiens.
Troisième constatation: On ne forme pas l’enfant sans lui-même, sans sa collaboration active. Ce qui amène il faire naître des occasions aussi nombreuses que possible de collaboration, Don Bosco les cherchera de préférence dans le travail, les jeux, le théâtre, et les mille responsabilités d’une vie d’institution y compris celles de l’Action catholique.
Quatrième constatation: Qu’il s’agisse d’exercer la conscience de l’enfant ou de lui apporter la force dans la lutte, Don Bosco estime que la préférence doit être donnée aux deux sacrements de Pénitence et d’Eucharistie. A l’encontre donc de tous les éducateurs de son époque, il poussera il fond l’éducation par la confession et la communion fréquentes. Désapprouvé par tous, y compris les milieux ecclésiastiques, il ira de l’avant quand même et établira toute une technique de la réception fructueuse et efficace de ces sacrements, tant sur le plan surnaturel que sur le plan éducatif.
Cinquième constatation: Dans l’élaboration d’une destinée d’élu de Dieu, un drame se joue qui met aux prises plus fort que les hommes. C’est tout le drame de la Rédemption en raccourci. On se demande qui l’emportera en définitive dans cet élu en préparation, entre Dieu et le diable. Or, un facteur de cette lutte, élément décisif dans l’ordre providentiel, c’est l’intervention de la Très Sainte Vierge. Provoquer, mériter, si je puis ainsi parler, cette intervention, voilà à quoi devra aboutir l’éducation salésienne en inscrivant définitivement dans le cœur la dévotion à la Madone, spécialement à l’Auxiliatrice.
En résumé, cinq constatations fondamentales il quoi répondront les orientations suivantes vraiment caractéristiques quant à la manière salésienne d’éduquer:
1° La primauté de la protection et la création d’une ambiance favorable par le moyen de l’assistance;
2° La formation d’une conscience sûre et délicate;
3° La formation du caractère et de la personnalité à travers de multiples initiatives contrôlées par l’éducateur. Forme anticipée de la méthode dite active;
4° L’action surnaturelle et éducative des Sacrements de Pénitence et d’Eucharistie;
5° Le réflexe de la dévotion à l’Auxiliatrice.
Voilà, n’est-ce pas, qui constitue un programme peu banal d’éducateur, unique même, et qui suppose de la part de son inspirateur, un don spécial, un charisme, dirait saint Paul.
En tout cas, un tel programme donne à Don Bosco une place unique, une place hors pair parmi les éducateurs modernes. L’avenir nous dira s’il a été le plus grand. Aujourd’hui, nous osons écrire qu’il a été très grand.
TABLE DES MATIÈRES
Avant-Propos – p. v
L’éducation, problème de milieu – p. 1
Primauté de la protection ou système préventif – p. 13
L’assistance, loi de l’éducation salésienne – p. 23
Formation par la collaboration active – p- 35
Primauté du surnaturel en éducation – p. 48
Rôle éducatif des Sacrements de Pénitence et d’Eucharistie – p. 58
Le cadre familial en éducation – p. 71
La pureté, vertu témoin de l’éducation – p. 83
Le secret de la réussite salésienne : l’Auxiliatrice – p. 102
En guise de conclusion – p. 111
Reference time period: 1815 – 1888
H. Bouquier, Don Bosco éducateur, 2. ed., Paris, P. Téqui, 1950 (Présence du catholicisme).
Reference institution:
Centro Studi Don Bosco